Brève histoire des idées au Québec by Yvan Lamonde

Brève histoire des idées au Québec by Yvan Lamonde

Auteur:Yvan Lamonde
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai
Éditeur: Editions du Boréal


Une action intellectuelle : L’Action française (1917-1928)

Dans ses Mémoires, l’abbé Lionel Groulx, qui dirigera L’Action française de 1920 à 1928, écrira : « Quand j’essaie de définir l’originalité de ce mouvement, il me semble que ce fut de ramasser en synthèse, une synthèse plus précise, étoffée, les idées éparses jetées dans l’esprit de la foule par Bourassa, Le Devoir, toute l’école nationaliste. » C’est le point d’orgue, en effet, qui arrive un demi-siècle après la Confédération, après les crises scolaires qui ébranlent, depuis au moins 1896, la crédibilité du fédéralisme. Dans l’arbre généalogique des revues québécoises marquantes – L’Action nationale, La Relève, Cité Libre, Liberté – L’Action française occupe la première branche.

L’Action française fut, comme sa sœur aînée de Paris, une revue, un mouvement, une librairie et une maison d’édition, qui publiera quelque 90 titres, dont L’Almanach de la langue française. Elle marque surtout la montée à l’avant-scène intellectuelle de l’abbé Groulx, connu depuis 1912 comme animateur de l’ACJC. Alors professeur d’histoire du Canada, depuis 1915, à l’Université Laval à Montréal (qui devient l’Université de Montréal en 1920), auteur d’ouvrages historiques – La Confédération (1918), Naissance d’une race (1919), Lendemains de Conquête (1920) et Notre maître le passé (1924) –, Groulx aura été, au dire d’un collaborateur, Antonio Perrault, l’inspirateur et l’animateur de la revue : « De notre génération, vous serez le théoricien. Nous aurons été des besogneux. Conservez ce privilège d’éclairer, par votre doctrine nationale et vos livres d’historien, la route difficile où monte notre race. »

La revue mène une action culturelle et linguistique dans un contexte où le français, notamment en Ontario, est fragilisé à l’école, et où il est menacé par ces « choses nouvelles », dont le jésuite Joseph-Papin Archambault, alias Pierre Homier, fondateur de la Ligue des droits du français en 1913, fait chaque mois l’inventaire dans sa chronique (raisons sociales, enseignes publicitaires, étiquetage, confiserie, calendriers, disques, téléphonie, menus, timbres, documents fédéraux, etc.).

La « doctrine » du mouvement et de la revue conserve quelque chose de l’ultramontanisme, même si celui-ci n’est plus au premier plan : primauté du spirituel sur le matériel, de l’Église sur l’État dans les questions « mixtes », défense simultanée et réciproque de la langue et de la foi. Sorte d’ACJC sur une autre scène que celle des collèges, L’Action française défend et encourage une éducation nationale à l’enseigne du catholicisme. C’est aussi une « action intellectuelle », au moment où le député libéral Athanase David mène, au Secrétariat de la Province, une première politique gouvernementale en matière de culture et de science. Dès L’Action française de février 1917, Groulx signe « Une action intellectuelle » : « Du reste, nous avons craint et souffert : c’est plus qu’il ne faut pour un réveil intellectuel. » Il précise que la revue accueillera « les poètes, les écrivains, les penseurs des heures tragiques, ceux qui deviennent les guides et les donneurs de mots d’ordre ». La doctrine et la pensée que promeut la revue seront catholiques : « Il faudra nous



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